Analyses / Réflexions

JOURNAL INTIME  (1980-82)

Programme du 11 avril 1983

Un drame musical en un acte

La Création du Journal Intime a eu lieu au Musée d’Art Moderne de Paris, au lieu-dit l’ARC, Musique en Théâtre, le 11 avril 1983

Avec :

La récitante : Laurence Février

Le pianiste : Paul Dubuisson

La chanteuse : Elise Caron

Mise en scène : Luc Ferrari

 

FAUX JOURNAL DU VRAI JOURNAL INTIME ou VRAI JOURNAL D’UN FAUX JOURNAL INTIME

 

15 avril 1982. Baie des Trépassés. Finistère

Je relis pour la première fois mon journal.

Je décide d’en faire quelque chose et je commence à trier et choisir les textes.

 

22 avril 1982. Paris

Je revois mes pièces pour piano et je confronte les dates avec celles du texte. C’est amusant.

 

15 juin 1982. Musée d’Art Moderne

Je rencontre Christiane Audemard qui me demande si je ne veux pas faire un truc pour la saison prochaine. Je lui parle de « mon journal intime ». Brutalement le titre (qui est vraiment très original) m’est sorti de la bouche.

 

5 juillet 1982. Chez moi sur mon bureau

J’achève l’écriture du propre de la partition. J’aime bien. Ça balance.

 

10 août 1982. La Madrague

Je commence à composer Sexolidad pour orchestre. Je me baigne dans une méditerranée délicieusement polluée.

 

15 décembre 1982. Montluçon

Je rencontre Jean-Paul Wenzel. Je lui dis mon trouble et comment on fait pour trouver des comédiens, lui dis-je. Il me dit, on les connaît, mais je ne les connais pas, lui dis-je. Je lui dis ça fait deux mois que je rencontre des comédiennes. Elles te plaisent ? me dit-il. Oui, je lui dis elles me plaisent toutes, mais je lui dis, je crains qu’elles ne sont pas mon personnage.

 

15 janvier 1983. Théâtre de l’Odéon

Je rencontre Claude Degliame. Elle me fait mal, elle me fait du bien comme disait ….

Malheureusement elle n’est pas libre.

 

20 janvier 1983

Je rencontre Laurence Février.

Elle me fait d’abord peur et puis après elle ne me fait plus peur. Quel tourment.

Je crois que c’est elle le personnage que je cherche.

 

29 mars 1983

C’est quoi moi ?

C’est lui c’est elle ? ou quelqu’un d’autre ?

Peut-être n’est pas !

Et une musicien, un compositrice… c’est quoi ?

Un journal, ça existe, ça se rencontre…

C’est vrai un journal ?

Un journal, c’est celui de tout le monde.

Quant à Elise Caron et Paul Dubuisson, je le connaissais assez bien depuis plutôt longtemps,

Ou je les connais plutôt longtemps depuis assez bien.

LUC

 

1 avril 1983. Maintenant que l’aventure commence.

À vous de jouer.

FERRARI

 

Programme Avignon 18 juillet 1983, à 17 h. et 22 h.

 

« La musique parle et dit des choses que la parole ne sait pas dire, mais la parole dit aussi des choses que la musique ne dit pas.

C’est ça mon journal intime, une comédie musicale, une mise en scène d’un fragment de vie quotidienne, ou ce qui se passe dans la tête de quelqu’un qui compose de la musique.

Je revendique pour moi (le je-jeu signifie un individu dans la société), je revendique le droit à la parole. En somme, je suis devenu pour moi-même un de mes meilleurs sujets. Je dis « moi », mais ça pourrait être un ou une autre ; c’est un exemple. Et c’est en ce sens que cette parole échappe au narcissisme. C’est un passage à travers lequel un parcours s’accomplit et se raconte.

J’ai entraîné dans cette aventure ceux qui ont accepté de lui donner existence. Laurence Février pour la parole et Elise Caron pour la chanson, Paul Dubuisson pour la musique et Michel Davaud pour la lumière. Et maintenant (c’est-à-dire après) je retourne au silence. » (L.F.)