Analyses / Réflexions

Impro – Micro – Acoustique

C’est une longue histoire.
En 1989, le conservatoire de Boulogne m’a demandé de préparer un concert avec des élèves en fin d’étude. On m’a alors présenté Roland Auzet, percussionniste, et je lui ai demandé de travailler avec moi et un pianiste Cellule 75 qui est une pièce pour Piano et percussion relativement virtuose.

Lors des répétitions, je me suis aperçu que non seulement il jouait ce qui était écrit mais en plus avec une sorte de gestuelle particulière et théâtrale, en somme une dramatisation de la partition. Cala a donné un très beau concert.

Des années plus tard j’ai rencontré Roland et, d’une part, il étudiait l’informatique associée à ses instruments, et il était aussi en train de monter une compagnie de cirque dont le propos était l’acrobatie musicale, c’est-à-dire que les acteurs jouaient acrobatiquement de la musique.

C’était très bien.

 

Il y a quelques années, j’ai assisté à un concert d’improvisation, aux Instants Chavirés, une salle de concert dans un cartier destroyed de Montreuil. Noël Akchoté faisait partie des protagonistes. A la façon qu’il avait de jouer de la guitare, j’ai reconnu quelqu’un d’exceptionnel. Rien n’était normal dans son jeu ni dans ses sons ni dans son comportement musical. Il jouait de la guitare certes, mais plutôt à la manière ou nous jouions, aux débuts de la musique concrète, sauf que nous utilisions l’artifice du studio, alors que lui faisait des sons extravagants et nouveaux en direct et sans électroniques.

Je me suis permis d’appeler ça « les nouveaux concrets du temps réel ».

Quelque temps après, dans les circonvolutions du hasard, je rencontrais Noël et nous sommes devenus amis.

 

C’est alors qu’il m’est venu l’idée de m’installer dans l’attitude d’improvisation. En effet dans ma vie, j’avais préparé des séances d’improvisations et même écrits des partitions qui portaient vers cette préoccupation. Mais je ne m’étais jamais inclus dans les joueurs, sachant que j’étais nul.

J’ai décidé d’oublier ma nullité, et j’ai proposé à Noël Akchoté et à Roland Auzet un rendrez-vous expérimental dans les studios de la Muse en Circuit.

Ainsi je m’étais mis dans une situation insolite avec deux spécialistes, virtuose de la spontanéité alors que moi, j’étais un spécialiste de la réfection sur partition.

J’avais une peur pas possible :» je me suis mis dans une sale histoire !  » me disais-je.

 

Et puis on s’est mis au travail, mes copains ont été très gentils avec moi.

Ainsi est né Impro – Micro – Acoustique…

Voilà l’histoire.

 

7 avril 2003