Analyses / Réflexions

TAUTOLOGOS I  (1961) — 4’17

Si la rhétorique proscrit la tautologie qu’elle définit comme « la répétition inutile d’une même idée en des termes différents », la musique en a fait, depuis des siècles, un usage abondamment justifié. Qu’est-ce donc, dans sa croissance organique, qu’un développement musical, sinon une Tautologie commandée par les lois mystérieuses, obscures parfois, de la Nature et de la Vie?

 

Tautologos I de Luc Ferrari met en oeuvre un matériau sonore de complexité croissante; d’une part quelques sons brefs, simples sont agglomérés pour produire des ensembles complexes, d’autre part des sons déjà complexes sont soumis à un développement musical. Le temps des prospections est dépassé. Voici que d’un solfège une syntaxe est issue et, de la syntaxe une parole chargée de sens. Mais la parole des profondeurs, née de la rencontre de l’objet sonore et de la conscience qui l’appréhende, est une interrogation plutôt qu’un enchaînement de certitudes; tout le contraire d’une rhétorique.