Analyses / Réflexions

Petite Symphonie Intuitive pour un paysage de printemps  (1973-74)

 Sons mémorisés

Cette musique électroacoustique fait partie d’une série de ce que l’on pourrait appeler « paysage imaginaire sonore ». Contrairement à Presque rien ou le lever du jour au bord de la mer, où le paysage se raconte lui-même, ici c’est un voyageur qui découvre un paysage et qui essaie de l’évoquer comme paysage musical.

 

Nous étions Brunhild et moi, dans les environs des Gorges du Tarn.

Nous avons eu l’idée de prendre une petite route qui escaladait une montagne rocailleuse pendant une dizaine de kilomètres.

Après un dernier tournant s’ouvrit devant mes yeux un paysage totalement inattendu. C’était le coucher du soleil. Devant nous, un plateau très vaste s’étalait avec de courbes douces jusqu’à l’horizon, jusqu’au soleil. Les couleurs allaient du jaune d’herbe sèche au mauve du lointain, passant par le noir de quelques petits bosquets ponctuant l’espace. La nature presque vide s’offrait à l’oeil sans aucun obstacle. On voyait tout.

 

Plus tard, lorsque je me suis ressouvenu de ce lieu et des sensations que j’avais éprouvées, j’ai essayé de composer une musique qui soit capable de faire revivre mon souvenir.

Le «Causse Méjean » est un haut plateau d’une altitude d’environ 1000 m dans le Massif Central. Il est ponctué par des fermes loin les uns des autres. Quelques personnages rentraient leurs troupeaux de brebis. J’ai eu l’idée d’évoquer cette présence d’humains solitaire et diffuse par des fragments de conversation que j’ai eue avec quelques-uns des bergers.

 

Le langage humain est intégré dans la texture musicale. ; le son de la voix dit bien plus que ce qu’elle dit réellement.

Un des bergers disait un jour : » … Je ne m’ennuie jamais. J’écoute le paysage. Quelquefois je souffle dans ma flûte et j’écoute l’écho qui me parle… »

C’est en pensant à lui, que j’ai utilisé la flûte et son écho dans ma musique

 

18 octobre 2002