Analyses / Réflexions

L’Escalier des Aveugles  (1991)

« Tout au début, quand je parlais de mon projet de conte radiophonique, j’avais employé le mot « clip » pour évoquer la forme que j’imaginais. Et puis en travaillant, je me suis rendu compte que ce que j’étais en train de faire était une métaphore sonore de la technique littéraire des « nouvelles ».

 

En effet, formes courtes qui racontent chacune une histoire, une situation, une ambiance, mais dans un climat d’ébauche, une manière indirecte de conter, allusive, irréaliste tout en employant des matériaux réalistes. Une manière aussi de laisser l’auditeur (j’allais dire le spectateur) en suspens, peut-être frustré de n’avoir pas une fin pour chaque anecdote.

 

Chaque nouvelle est construite sur un petit événement : un son, une atmosphère, un mot anodin porteur d’émotion par la voix qui le prononce, un cliché entendu. Et ainsi, l’ensemble se tisse à l’intérieur de multiples langages : le musical, le bruitiste, le réaliste, le synthétique et enfin l’espagnol et le français, proposant au public des pistes à suivre et à délaisser.

 

A propos de chemin, celui-ci est un escalier qui revient comme un thème : l’idée qu’un lieu de Madrid s’appelle L’Escalier des Aveugles m’a fasciné, comme une réalité poétique, ou plutôt comme une surréalité; mais aussi comme un symbole de ce que j’étais en train de faire, une composition avec des sons et pour la radio. Et comme chacun sait, la radio est pour ceux qui ont des images plein la tête. »

 

1. L’Escalier de Aveugles –  2. Intermède – 3. Suzanne et le clochard

4. Interlude –  5. El cuerpo inglés – 6. Intérieur – 7. Hommage à Lorca

8. Izaskun et la pomme –  9. Interférence – 10. Sans savoir pourquoi

11. Nada – 12. Madrid, kilomètre zéro – 13. La nouvelle de l’escalier

 

Tous les matériaux sonores concrets de l’oeuvre sont enregistrés à Madrid par l’auteur, avec les actrices Ana Malaver, Julia Gil, Susana Cantero, Izaskun Azurmendi, Laura Notario et Gloria Pedro.

 

Producteur délégué de Radio Nacional de España RNE-2 : José Igès.

 

A l’occasion de la « Journée Européenne de la Musique », l’oeuvre a été donnée en première à RNE-2 le 21.6.1991 et a reçu le Prix Italia (Prix Spécial).