ANALYSES / RÉFLEXIONS

Après Presque Rien

Pour 14 Instruments et 2 Samplers

(Flûte, Hautbois, Clarinette., Clarinette.basse, Trompette, Saxo ténor et Saxo baryton, Trombone, Piano, Percussion, Violon 1, Violon 2, Viola, Violoncelle, Contrebasse)

Entre la composition de Presque Rien avec instruments et sa création, il s’est passé environ 3 ans, ce qui fait que j’avais un peu oublié la partition.

Lors du concert de la création, j’ai été extrêmement troublé, non pas parce que je trouvais cela bien ou mal, mais cette partition indiquait en tout cas la fin de la série des presque rien. Et j’ai cru un moment même qu’elle indiquait carrément la fin. Quelque chose comme après ça je n’ai plus rien à faire. Bloqué !

 

Justement me suis-je dit : je vais dire « après presque rien ». Et voilà.

En fait comme les presque rien ont un concept très fort, il me fallait ici me libérer de quelque concept que ce soit.

Libre et sans a priori, j’ai décidé de me laisser conduire par le temps et par le hasard des rencontres. Je commençais donc à composer sans projets.

Au hasard des désirs, comme j’ai envie de ça… et puis j’ai envie de ça… ça suffit maintenant j’ai envie de ça… etc… Je ne sais pas si on peut comprendre parce que normalement on a un plan là non j’échappe je ne sais pas quel désir j’aurais demain j’échappe et heureux.

 

Je crois que c’est comme cela laisser vivre le temps le saisir plus ou moins fortement le serrer et puis le laisser couler tranquillement le ressaisir avec volupté le ressaisir avec tendresse le ressaisir avec violence le ressaisir avec nonchalance le ressaisir avec mauvais goût et lui extirper sa vulgarité et son esthétique le laisser couler avec son éthique (il fallait bien que je le place) et aussi subir avec révolte sa brutalité son inhumanité.

Par-ci par-là je respire c’est déjà pas mal on se demande comme on peut.

 

Je m’amuse aussi. Heureusement.

 

— Luc Ferrari

 

Remerciements

Je remercie Thierry Jousse que m’a laissé enregistrer pendant le tournage de son film « les Invisibles », je remercie la Foire du Trône qui a failli m’empêcher d’enregistrer, je remercie Cécile du marché de Montreuil qui m’a prêté sa jolie voix, je remercie Claude Debussy qui m’a tenu la main dans la dernière séquence de la partition.

 

(du 16 avril au 1er novembre 2004)