Analyses / Réflexions

PARIS – TOKYO – PARIS  (Janvier – novembre 2002)

Commande de New Generation, Tokyo

Sextet pour Hautbois, Clarinette en si b, Basson, Violon, Violoncelle, piano et Sons Mémorisés 

Le concept de cette pièce est une exploitation entre une spontanéité gestuelle et une réflexion, entre l’immédiat et le différé. Et je vais essayer d’expliquer tout cela.

 

J’ai d’abord improvisé sur un clavier midi, pendant 20 minutes. Puis j’ai fait une autre improvisation de 20 minutes. Utilisation du temps réel.

A la suite de quoi j’ai monté superposé découpé et corrigé les deux improvisations, tout en respectant la chronologie. Utilisation du temps différé. J’ai sorti les notes sur l’imprimante et je me suis trouvé avec une partition de 60 pages.

 

Je me suis servi de cette partition pour écrire cette composition, en prenant des idées qui étaient là, en les transformant, en les développant, en rajoutant à la sécheresse de l’imprimante une nouvelle spontanéité, tout en respectant la chronologie de l’improvisation, donc en prenant la distance de la réflexion.

 

Par ailleurs, j’étais au Japon pour la première fois en janvier 2002, à Tokyo. J’enregistrais plein de choses que je trouvais suffisamment ordinaires pour m’intéresser. J’enregistrais spontanément du temps réel.

 

Revenu à Paris, dans mon studio que j’appelle atelier post-billig, je travaillais sur ces sons enregistrés. On peut donc dire que ce travail se passe en différé.

Je choisissais, je montais, je transformais tout en conservant leur identité réaliste.

S’il y avait une « philosophie » à tirer de tout cela, c’est qu’il s’agit d’une combinaison qui m’a permis de travailler sur un morceau de temps, avec tout ce que cela comporte de douleur et de plaisir (sensualité), et ensuite de visiter ce temps avec tout le temps qu’il faut à la réflexion pour opérer.

 

La forme qui vient du corps (de l’improvisation) je l’ai respectée.

Création à Tokyo, le 26 octobre 2003