Cellule 75
Force du rythme et cadence forcée (mai – novembre 1975) — 31′
Pour piano, percussions et bande magnétique
A propos de Cellule 75, j’ai trouvé deux textes qui viennent de deux époques différentes. Le premier, du temps de la composition, et le deuxième, qui semble être un raccourci du premier ou peut-être même une sorte de dérision, mais je n’en suis pas sûr.
« Cette pièce pour piano, percussion et bande essaie d’exprimer – et cela n’est pas sûr qu’elle y arrive – quelques idées qui sont en rapport avec les problèmes journaliers. Les moyens musicaux étant ambigus, ils ne permettent pas d’envisager des significations précises, mais ils peuvent mettre l’auditeur en présence d’un échantillonnage de propositions et éventuellement l’inciter à la réflexion.
« 75 » c’est l’année de la composition, c’est-à-dire un contexte social propre à l’année 75. Ce qui ne veut pas dire qu’il soit différent en 76, mais simplement qu’une création est dépendante du moment où elle a été conçue.
« Cellule » c’est bien sûr l’idée de cellule musicale, mais aussi de cellule de prison; prisons politiques, camps de réfugiés, ghettos et apartheid, ainsi que les cloisonnements culturels et intellectuels.
« Force du rythme », c’est essayer de trouver dans le rythme une libération à travers l’imagination, l’intuition, la vitalité, les pieds sur la terre (contrairement à la tête dans les nuages), en deux mots à travers la dynamique de la réalité.
« Cadence forcée », c’est en opposition, la contrainte, c’est aussi marcher en cadence comme démonstration de l’oppression.
L’ambiguïté vient du fait que « force du rythme » et « cadence forcée » sont basées sur les mêmes rythmes réguliers. L’un est positif et voudrait être tourné vers la vie, tandis que l’autre qui est négatif, cherche à emprisonner le premier.
Ces quelques idées sont loin probablement de ce que l’on peut sentir en écoutant cette pièce musicale, c’est pourquoi elle est elle-même comme une cellule qui emprisonne les significations. »
Paris, le 13 juillet 1976