Cette pièce électroacoustique a été réalisée dans une époque de ma vie où, ayant quitté toutes les institutions, je commençais à construire un studio personnel. Elle a été réalisée avec des moyens précaires et s’inscrit dans un concept de technologie pauvre.

Elle fait aussi partie d’une famille de portraits que j’ai développés dans le courant des années 70, portraits de société, de villages, de personnes et de lieux. Les portraits de personnes font appel aux techniques de reportage, tandis que les lieux sont plutôt suggérés que photographiés. Comme des poèmes.

D’où l’idée d’une analyse intuitive qui permettrait de traduire musicalement l’impression ressentie devant un paysage.

Pour Place des Abbesses, il s’agit plutôt d’évoquer que de représenter. C’est une petite Place de Paris, située à mi-côte de Montmartre, entre le Sacré-Coeur de Dieux et de ses Saints, et le Pigalle de la licence et du sexe. Joli endroit, un peu vieillot. J’ai eu beaucoup d’amis habitant le quartier. J’y ai croisé des images furtives, des fêtes populaires, des musiciens ambulants, des mariages à la petite église en briques, des clochards philosophes et des nostalgiques du Vieux Paris.

C’est un peu tout ça que j’ai voulu insinuer dans cette composition où apparaissent des clichés poétiques naïfs, dans un langage musical dépourvu de toute sophistication techno.

Paris, le 28 novembre 1997