Analyses / Réflexions

Visage II  (1955 – 1956) – 14’

pour Cuivres et Percussions

Petite chronique des temps anciens

Les 5 Visage est la première série dans laquelle je me suis exprimé au début de ma vie de compositeur. On l’aura compris, il ne s’agit pas de série au sens sériel du terme, mais plutôt des compositions qui ont à voir avec l’image ou le réalisme.

Pourtant puisque le mot est employé, il est bien question de sérialisme dans cette partition. Il faut rappeler que dans les années 50 c’était une aventure pour beaucoup de jeunes gens qui fréquentaient entre autres Darmstadt, sorte de temple du total chromatique selon le terme pompeux employé à l’époque.

J’étais dans ce mouvement-là, mais un peu de travers.

 

En fait Visage pour moi représentait une réalité physique.

Si dans Visage I, j’explorais ce qu’il advenait de l’accumulation des cycles, dans Visage II, j’élaborais une confrontation physique de 2 corps sexués. Raconter une gestuelle avec des notes, des rythmes et des instruments me semblait intéressant. Cette idée complètement étrangère en ce temps, me semblait pertinente pour faire entrer un concept incongru dans l’organisation des sons.
Il n’était pas nécessaire que cela soit su, mais il était indispensable que cette image essentielle fasse lever mon imagination.

 

Le résultat est une sorte de pointillisme et pour accentuer l’image du corps, il fallait que ces points soient répartis dans l’espace. C’est pourquoi les musiciens devaient êtres répartis dans la salle et que le chef d’orchestre soit seul ou presque sur la scène.

Seulement voilà, cela ne se faisait pas à ce moment-là, c’était par trop inopportun, c’est pourquoi cette partition est restée injouée à défaut d’être injouable.

 

février 2005