Analyses / Réflexions

Comme une fantaisie dite des réminiscences  (déc. 1989 – janvier 1991)

pour deux pianos

Albi, avril (1994) — 25′

… bien sûr ce problème restait dans mon silence et je me demandais que faire de ça. « Scène du va et vient » était une pièce demeurée tiroir par son manque de commodité. J’ouvrais donc périodiquement le tiroir de ma commode et me demandais que faire. Quel dommage en effet. Voici une pièce pour piano assez bien balancée, mais qui nécessitait, en même temps l’intervention d’une comédienne qui dit n’importe quoi, et d’un trio en bouquet final. Cela n’est vraiment pas l’idéal pour un pianiste tout seul. Comment contourner cette difficulté agaçante ? Et puis un jour j’eus l’idée farouche : en faire une pièce pour deux pianos puisqu’il y en avait déjà un. C’est tout à fait simple.

 

Et bien je me trompais, car deux pianos cela n’est pas deux fois un piano, cela n’est pas un piano multiplié par deux, et cela n’est pas non plus un piano plus un piano. C’est toutes sortes de choses que je n’expliquerai pas ici mais qui font que ça n’est pas la même musique qui en sort, ou qui est sortie de là de cette aventure ou de cette intention naïve. Et ça n’est donc plus du tout Scène du va et vient mais une nouvelle chose qui s’appelle maintenant : Comme une fantaisie dite des réminiscences.

 

Restait encore un problème : Celui de Jean Sébastien Bach. Car comment justi­fier les emprunts, les échantillonnages, les réminiscences justement, les ma­nipulations du Clavecin bien tempéré, sans cette comédienne dont le rôle était un peu d’expliquer tout ça. Et puis je me suis dit cela se justifie puisque dans le miroir déformant de ma mémoire je me récite le J S Bach de mon enfance, je me réminisce le Clavecin bien tempéré qui était mon livre de chevet, celui que je jouais à tous bouts de champs et d’un bout à l’autre, ou par échantil­lonnages hasardeux, ou par manipulation en me jouant des styles, depuis le style conservatoire jusqu’au Webernisme en passant par l’expres­sionnisme jazz-rock post-Bartokien.

 

Evidemment je me sens complètement innocent, car qui plus que moi aime J. S Bach. Et cette fantaisie qui se balance entre une formule obsessionnelle et des fragments de mémoire est peut-être comme un hommage. Alors là, je dis, voici mes réminiscences.